Colloque international
Dates : 10 et 11 avril 2015
Lieu : Archives nationales Auditorium, 59 rue Guynemer, 93380, Pierrefitte-sur-Seine
Organisateurs : Soko Phay, Patrick Nardin et Suppya Hélène Nut
Au moment de la comme?moration des quarante ans du ge?nocide cambodgien, le 17 avril 2015, il est ne?cessaire de te?moigner, par des manifestations culturelles et scienti ques, de la survivance et de la cre?ativite? d’un pays qui a connu l’e?limination de masse et la destruction d’une communaute? artistique. Entre 1975 et 1979, 90% des artistes et des intellectuels ont e?te? perse?cute?s et assassine?s par le re?gime des Khmers rouges, laissant une socie?te? de?vaste?e. La reconstruction politique, e?conomique et culturelle du Cambodge est difficile ; dans ce contexte dramatique, les artistes ont joue? un ro?le essentiel, en particulier par un travail de transmission des arts traditionnels a? la nouvelle ge?ne?ration. Mais les jeunes artistes cambodgiens sont en que?te de renouvellement ; en questionnant le passe?, ils cherchent aujourd’hui a? comprendre la complexite? de notre e?poque et a? relever les de? s de la mondialisation.
« L’identite? cambodgienne » se construit entre deux po?les extre?mes : d’un co?te? la splendeur d’Angkor, et de l’autre l’horreur des anne?es khme?res rouges. Dans cet entre-deux, l’e?quilibre est fragile et incertain. Si le Cambodge hante les imaginaires contemporains, en particulier Angkor, qui n’est pas seulement un vestige arche?ologique, mais un mythe actif soutenant depuis le XIXe sie?cle une cre?ation litte?raire et cine?matographique, ce sont les effets des anne?es de terreur qui fac?onnent la socie?te? : corruption ge?ne?ralise?e, rupture ou manque de solidarite? entre les ge?ne?rations, course effre?ne?e a? l’argent facile et a? la satisfaction mate?rielle au de?triment des ne?cessite?s sociales et culturelles. Le ge?nocide a fait voler en e?clats toutes les garanties symboliques. L’oubli force?, au nom de la re?conciliation et de l’unite? nationale, offre un passe? quasiment sans traces. L’absence d’images des massacres, le de?faut de preuves ou le peu de souvenirs exprime?s par les te?moins, incitent a? questionner la possibilite? d’une transmission de l’innommable.
L’immense majorite? de la population cambodgienne, dont 40% est a?ge?e de 15 a? 25 ans, a tre?s difficilement acce?s a? sa propre me?moire. Le travail d’archives devient essentiel dans la valorisation des modes d’e?criture et de diffusion par l’image ; en plac?ant la question de l’Histoire et la brisure identitaire au cœur de leur re? exion les artistes agissent pour contrer cet effacement du passe?. Re?employe?s, de?tourne?s de leurs usages traditionnels, les lms, les photographies, les sons, les objets, peuvent travailler une me?moire non-discursive, faisant du document un ope?rateur de reme?moration ou de ction. Pour en saisir les enjeux, il s’agira d’interroger successivement les mythes et les survivances des ruines d’Angkor, les processus me?moriels, ainsi que les formes visuelles qui se cre?ent aujourd’hui au Cambodge.
Programme du colloque "Images du Cambodge : mythe, histoire et me?moire" :